mardi 25 mars 2008

Poème


Tes lèvres.

Ma peau aime

La bohème

De la fièvre

De tes lèvres.

Leur errance

Dans l’intense

S’immisce.

Complices

De mon plaisir

De ton désir

Elles effleurent

Sans fureur

L’intime

L’infime

Continent

Inconnu

Subtilement

Mis à nu.

lundi 24 mars 2008

Poème

Vibration

 

Ondulante

La vibration vie

Dans la caresse qui

Ondoyante

Coure l’été le long

De champs de blé blonds.

jeudi 20 mars 2008

Poème

Petite

Coure coure Petite
Le temps te rattrape
Te tendant les trappes
D’illusions fortuites.

Coure coure Petite
Si le temps te guette
Au point que tu jettes
Tes pas dans la fuite

N’oublie pas surtout
Que seul l’ennui
Sous son boisseau sourd
Etouffe tes envies.

Coure coure Petite
N’épargne pas ta vie.
Ta jeunesse ne luie
Que parce qu’inédite.

dimanche 16 mars 2008

Poème

Le bonheur

Un baiser
Effleure
En profondeur
Mon coeur
Embrasé.

vendredi 14 mars 2008

Moment

Constat

Quatre heures. Cela faisait quatre heures que j’étais assis dans ce canapé à ne rien faire, regardant droit devant moi. Ça n’était pas que je ne savais pas quoi faire. Mais disons que j’avais l’impression d’être rentré dans un carrefour et qu’à force de tourner pour savoir quelle direction je devais prendre maintenant, j’avais fini par m’égarer, par attraper le tournis.
Alors je restais assis là, assailli par mes interrogations, tant sur mon passé que sur mon avenir, tant sur moi que sur la vie en générale. Pourtant je n’étais pas du genre à me laisser déborder. La vie m’avait plutôt souris et je n’avais pas spécialement de raisons de me trouver dans cette situation de blocage complet, intense. Alors… Pourquoi soudain cette sensation de vide sous mes pieds, ce sentiment de creux dans mon ventre, comme si j’étais au bord d’un précipice et que le moment était venu de prendre la décision de sauter pour atteindre l’autre rive. Je savais très bien que je pouvais l’atteindre cet autre côté le saut n’était pas énorme. Mais si je me loupais. Si par un malheureux hasard, je tombais là, maintenant et que je partais m’écraser en bas, tout en bas, qu’est ce qu’il resterait de moi ? Qu’avais je fais de cette vie qui m’avais été donné ? Et la chute ? Serait il possible d’y remédier ? Serait elle à se point inexorable ?
J’avais l’impression d’être à un point d’équilibre. Je m’étais transformé sans la vouloir en un funambule qui tentait de combattre les rafales de vent qui le poussait dans un sens et dans l’autre mais qui l’empêchait d’avancer, l’obligeant à se concentrer uniquement sur son équilibre. J’étais campé sur mes jambes et j’attendais que passe la tempête. Mais elle semblait s’installer, grossir. Et moi j’étais tétanisé ne sachant plus où aller.
Je la sentais monter pourtant cette incertitude hébétée qui vous empêche d’agir à certains moments. Je la sentais monter comme une eau glacée qui vous saisi le ventre lorsque l’on s’y enfonce. Mais je n’avais aucune intention d’y plonger.
Le temps, remplit de cette attente de quelque chose qui n’arrivait jamais, avait fini par me ronger complètement. Il avait éteint chacun de mes espoirs, étouffé mes rêves et assourdi mes espérances par cette lente et insupportable attente.
Tout avait commencé trois mois auparavant lorsque j’étais revenu chez mes parents pour régler les derniers détails de mon départ à l’étranger. Or ce qui ne devait être au départ qu’un passage était entrain de s’installer. Dans un premier temps, je m’étais dit que je partirai rejoindre mon amie au début de l’été, puisque tout serait réglé. Et puis, de dossiers perdus en papiers manquants, l’été avait poussé, chassant mes différents et fragiles interlocuteurs vers les plages ou la montagne. Je n’avais plus que des répondeurs, des remplaçants, des secrétaires qui n’étaient pas au courant du dossier mais uniquement des dates de retours…et petit à petit un grand vide était entrain de se profiler jusqu’à la bousculade de la rentrée. Attendre. Je crois que c’est ce mot qui avait petit à petit sapé mon moral. Attendre. Encore. Toujours. Attendre.
Engoncé dans ces longues journées, partager entre l’envie de partir et la nécessité administrative de rester, j’avais fini par tomber dans un monde de pensées plus ou moins constructives. J’avais beau sortir, regarder la télé, j’avais toujours au fond de moi un menu déroulant qui passait en revu tout ce que j’avais fait, ce que j’aurai voulu faire, ce que j’aurai du faire, ce qu’il aurait fallu que je fasse, ce qu’il allait falloir que je fasse… tout. Un peu à la manière de ces bandes en bas des écrans que l’on peut voir tourner sur les écrans aux Etats-Unis. C’était la même chose dans ma tête. Sauf que la bande était entrain de prendre tout l’écran et que le bruit de fond couvrait tout le reste.
Depuis quatre heures que j’étais assis sur ce canapé, ça n’arrêtait pas. A la manière d’un feu d’artifice ou d’un manége de foire, je me demandais quand est ce que tout cela allait bien vouloir prendre fin.
Je devais partir rejoindre la femme qui partageait ma vie depuis dix ans dans un pays étranger. Jusque là tout était simple. Elle était partie quelques mois avant moi, pour prendre son poste au sein d’une grande banque internationale. Une situation obtenue par relation plus que par envie, mais qui nous assurait à la fois un avenir financier et un peu d’exotisme. Pour l’exotisme d’ailleurs, c’était plus elle que ça contenait. Moi j’étais heureux bien sûr. Mais si j’avais vraiment du choisir, je crois que j’aurai préféré rester. Je crois. Tout était parti de là d’ailleurs. Depuis une semaine, à chaque fois qu’elle m’avait au téléphone elle me reprochait de façon insidieuse de ne rien faire pour vraiment venir. En clair, que j’étais responsable de l’enlisement de mes dossiers et que somme toute, cette situation devait bien me convenir. Justifications, engueulades. On se rappelle, on se réconcilie, puis elle ou moi lâche une phrase qui met le feu aux poudres et relance un débat stérile alimenté plus par la frustration que par une quelconque réalité. N’empêche. A force de jouer à cette petite guérilla téléphonique, j’avais commencé à creuser le tunnel du doute. Comme ça juste pour voir. Juste pour être sûr. Parce qu’après tout, par les meetics temps qui courent, qu’est ce qui me garantissait que c’était bien elle la femme de ma vie ? Celle pour laquelle je devais m’engager sans réfléchir ? Cela faisait trois mois qu’elle était là-bas, que j’étais ici, qu’y avait il de changé entre nous ?
N’était ce pas déjà de fait, une sorte de séparation ? Si en plus nous n’arrivions plus à nous entendre qu’en serait il par la suite ?
J’ai alors commencé à m’imaginer, me regardant dans la glace par un matin froid, avec dans le lit, cette femme que je n’aimais plus mais avec qui j’étais resté par habitude. Je me suis vu à l’approche de la cinquantaine, avec des enfants que je ne comprenais pas, un métier gris « parce qu’il fallait bien bouffer » et cette femme, cette femme par qui tout était arrivée. Cette femme…et puis la vie aussi. La vie en générale. Parce que c’est comme tout. Il n’y a jamais qu’un seul facteur. Les choses sont plus complexes. Alors « la vie »…
Cette idée de savoir si j’étais entrain de me tromper ou non me dévorait. Je l’aimais. Au passé c’était certain. Au présent c’était plus chaotique pour le moment. A l’avenir j’avais soudain du mal à voir.
J’éludai la question, un temps. Elle revint, sournoise. Je finis par l’affronter. Pour se faire, j’élaborai tout un tas de scénarios de vie sans ma femme. Aucun ne semblait irrémédiable. Alors pourquoi continuer à affronter cette bureaucratie intempestive et ce sous-entendu narquois ?
Une cinquième heure se profilait et je n’avais toujours pas bougé d’un millimètre. Parce qu’après tout, si nous n’étions pas fait l’un pour l’autre, étais je même fait pour rencontrer une femme ? Cela faisait tellement longtemps que je n’avais plus tenté d’en séduire une. Tellement longtemps. Respect pour elle ? Manque d’envie ? Peur de ne pouvoir contrôler quelque chose qui pourrait se transformer en incendie et ravager ma vie ? Qu’était ce réellement ?
Je me rappelais alors de cette scène que j’avais vécu juste avant qu’on ne se sépare pour cette longue période. Nous nous étions donné rendez vous devant un des monuments de la ville, non loin de la rue commerçante. Il y avait un monde fou. Je déambulais de devantures en devantures, perdant des minutes au hasard, gaspillant du temps comme si j’en avais trop. Petit à petit je me rapprochais de notre lieu de rendez vous. Attiré peut être un peu par la lumière, peut être un peu par les couleurs, peut être un peu par l’aléas de mes pas, je m’orientais sans y croire vers une grande vitrine bien éclairée. Je regardais sans les voir les mannequins figés et là juste derrière, je l’ai deviné. Je savais que c’était elle bien qu’elle fût enveloppée dans son une gabardine tout juste achetée. Elle était de dos. D’un geste sûr, elle parcourait un bac de pulls dans lequel elle savait pertinemment qu’elle ne trouverait rien, son regard étant déjà ailleurs. Elle fit quelques pas sur le côté, se dirigea sans conviction vers des vestes suspendues, se retourna, me vit, me fit un petit signe de la main, me sourit et dans un élan léger, vint me rejoindre dehors.
Elle m’embrassa, me dit que décidément il n’y avait jamais rien dans ce magasin et avec la même désinvolture magnifique me prit la main, m’entraînant sans retenue avec elle. Nous avons passé une fin d’après-midi joyeuse et innocente. Une fin d’après midi au goût de première rencontre dans le regard et dans les gestes ; dans la façon de se tenir la main aussi, fort.
Je l’aimais. Indéniablement. A ce moment là précis, je l’aimais encore. Je l’avais aimé. Mais maintenant ? Où en étions nous ? Où en étais je moi ? Moi qui n’avais que des boulots et jamais de travail, moi qui n’avait jamais fini mes études et qui pourtant en avait fait ; moi qui rentrait dans toutes les statistiques de l’homme moyen, de la personne transparente, inodore, invisible et qui pourtant faisait tout pour exister.
Etudes moyennes, j’avais acquis une licence de sport qui ne voulait rien dire sur le « marché du travail ». Je n’étais pas issu d’une minorité, je n’avais pas de problèmes d’argents même si comme tout le monde, je n’en n’avais jamais assez. Je n’avais jamais habité de banlieue mais n’était pas nanti non plus. Mes parents m’aimaient, au même titre que mes deux frères. J’avais des amis. Aucuns symptômes dépressifs. En même temps, comment aurais je pu en avoir avec une telle banalité joyeuse autour de moi. Je ne m’étais jamais posé de question sur ma sexualité. Parce que c’était comme ça, tout simplement. J’aimais les femmes comme on est droitier ou gaucher, naturellement.
Mon adolescence c’était soldée par quelques pétards fumés avec les potes, des cuites parce qu’à cette époque là de la vie on les récupère comme si de rien n’était et puis que ça faisait partie de la panoplie. Aucune haine, si ce n’est celle que nous dicte l’âge, aucunes rébellions si se n’est celle policée qui veut que l’on abhorre le système sans même le comprendre.
Rien. J’étais un trentenaire établi, un peu diplômé, en couple, sans aucune aspérité, sans aucun plis…et puis voilà. C’était cette vie là que je contemplais, assis dans le canapé de mes parents depuis des heures. J’étais arrivé mais j’avais le sentiment de ne même pas savoir où. J’étais la définition même de la personne intégrée. Mais la question maintenant était de savoir, à quoi ?

mercredi 12 mars 2008

Moment

Entre les deux…

Il se réveilla avec le sentiment d’être arraché des parois d’un tunnel moelleux. Comme si on venait de l’extraire d’un tout insécable pas forcément agréable mais profondément intense. Tout avait été si dense, si réel, qu’il resta un long, long moment à flotter entre les deux mondes. Ouvrant un œil lointain pour scruter les alentours encore emplis de nuit, il le referma mollement pour mieux se replonger dans les profondeurs de ses rêves.
Il reprit alors son cheminement prolifique, croisant la route d’un poisson paresseux au regard lourd. Nager. Il avait exactement la même sensation que lorsqu’il allait nager l’été, dans les eaux chaudes de la baie. Il ne pouvait s’extraire du milieu liquide qui l’englobait tout en sachant qu’il n’appartenait pas à ce milieu. Et ce sentiment d’être et de flotter dans cette immensité légère qui n’était pas la sienne était la plus à même de décrire le sentiment dans lequel il évoluait à ce moment précis. La sensation physique du rêve comme de l’eau sur sa peau était indéniable.
L’illusion de diriger son errance décupla en lui l’impression de bien être. Il était le maître de cette histoire chaotique, ouvrant des portes qui menaient à de nouveaux univers avec autant de fluidité qu’un serpent glissant sur le sol sec.
Une nouvelle fois le poisson apparut. Son air débonnaire ne l’avait pas quitté. Peut être était ce du à cette apesanteur ondoyante qui entourait chacun de ses mouvements. Il le frôla du bout de ses doigts, frémissant à l’idée de ce qu’il était entrain de réaliser. Il le suivit nonchalamment puis ne sachant trop comment décida qu’il était temps de promener dans la fameuse galerie du musée. Commencèrent alors à se mélanger des souvenirs flous de toiles qui ornaient une salle immense au centre de laquelle des sculptures cousines de la Vénus de Millo attendaient sagement. Sa déambulation s’intensifia mais en ouvrant la fenêtre qui donnait sur les jardins, il s’éveilla.
D’un oeil morne il aperçut le gris du matin hésitant couler par les fentes des volets entrebâillés. Il tenta une dernière plongée mais déjà, la raison le tirait sans complaisance vers ses obligations.

mardi 11 mars 2008

jeudi 6 mars 2008

Moment

Répétition.

D’un trait noir, elle souligna son œil. Elle prit un peu de recule, contempla son œuvre, prit une pose un peu naturelle, enfin du moins essaya et tenta de reconnaître dans ce visage maquillé, la femme fatale qu’elle devait incarner. Peut être manquait il un peu de rouge à lèvre. Elle fouilla dans la trousse à maquillage qui débordait sur le bord du lavabo, sortie deux tubes, regarda le premier, le reposa. Non décidément, c’était femme fatale qu’elle voulait être, pas prostitué ; Et entre la volonté farouche de séduire et le piége de la vulgarité il y avait un tout petit pas, tout petit, qu’elle avait encore du mal à maîtriser.
Pourtant elle avait observé, cherché, elle avait disséqué minutieusement toutes ces photos qui s’étalent à longueur de page. Elle avait fait ses choix en fonction des ses goûts, de ses formes qui ne sont forcément pas celles qui sont proposées par les mannequins. Elle avait tenté de comprendre cette difficile alchimie et ce soir, enfin, c’était la mise en application de toute cette étude.
Elle laissa glisser lentement le bâton de rouge à lèvre sur le contour de sa bouche entrouverte. Elle se fit alors la remarque que dans le geste déjà, simplement dans le geste, il y pouvait se cacher une certaine dose d’érotisme suranné. Par jeux elle refit un tour de sa bouche, accentuant le rouge, le regard malicieux. Elle lissa son œuvre en caressant ses lèvres l’une contre l’autre d’un geste expert et s’offrit un sourire évocateur. Oui. C’était ça. Ou presque. Elle fit quelques pas dans la pièce jusqu’à ses talons. Gainée dans sa longue robe noire qui la faisait s’étirer comme une tige souple, elle fit ces quelques pas avec une délectation nouvelle. Elle avait enfin le sentiment non plus d’être déguisée mais d’être cette femme. D’être femme. Du coup, elle commença à mettre une dose de sensualité dans chacun de ses gestes. Un peu trop peut être. Elle savait que maintenant qu’elle en dominait l’apparat, il allait falloir qu’elle apprenne à se mouvoir sans passer pour une maladroite photocopie. Le mouvement devait être la touche finale, ce qui donnerait à l’ensemble de sa personne la crédibilité nécessaire.
Elle chaussa ses talons, se leva, haute, respira une petite série de seconde sa nouvelles stature puis dans un élan confiant fit son premier pas. Toute la délicatesse qu’elle avait tenté d’y mettre s’envola dans cette tentative gourde et engoncée. Instinctivement ses épaules se rentrèrent, son sourire se crispa et un léger froncement de ses sourcils finit de laisser échapper définitivement la femme fatale.
Les mains posées dans le vide comme un équilibriste, elle reprit sa marche claudicante jusqu’à la console de maquillage. Elle fit ainsi plusieurs allers-retours dans la pièce jusqu’à ce que la porte s’ouvre brusquement.
« - C’est bon t’es prête ?
« - Euh….à peu prés. Comment tu me trouves ? » L’homme entra complètement dans la pièce.
« - Marche un peu pour voir….hum…Reviens…T’y es allé un peu fort sur le rouge à lèvre et il va falloir que tu t’entraînes avec tes talons parce que pour l’instant on dirait encore un robot mais ça, ça se corrige….Par contre je comprends pourquoi c’est toi qui a été choisi pour ce rôle. T’as la classe ma chérie et ça y’a aucun moyen de l’apprendre. Tu l’as où tu l’as pas. Toi tu l’as, c’est sûr. »

dimanche 2 mars 2008

Moment

La maison


Elle posa un doigt timide sur le clavier du piano. Une note tremblante et désaccordée monta dans la pièce pour s’effacer sitôt la touche relâchée. De nouveau le silence poussiéreux l’enveloppa. Elle continua d’avancer dans ce salon qui n’était plus que l’incarnation du souvenir d’une vie terminée. Les volets légèrement entrouverts laissaient passer une lumière qui n’avait pas posé sa gaieté et sa chaleur dans cet espace depuis des années.

Elle avait été maintenue volontairement dehors comme on préfère laisser jouer à l’extérieur un enfant turbulent. Elle n’avait pas sa place ici. Elle n’avait plus sa place depuis que sa mère avait décidé de ne plus goûter à la vie. Ce fut d’ailleurs ce premier signe qui l’avait alarmé. Cette volonté farouche de se couper de la lumière du dehors. Comme pour mieux commencer à affronter ce que serait peut être la mort, calfeutrée dans le calme.

Ils avaient eu beau, elle et ses deux frères, lui dire d’aérer, d’ouvrir, de faire rentrer l’air elle, ne voulait plus. Elle ne voulait que de moins en moins de choses d’ailleurs. Elle qui avait été si présente dans la vie. Elle qui leur avait tant répété qu’il ne fallait jamais renoncer, jamais baisser les bras, qu’il y avait toujours de la place pour le mouvement, même infime, et que c’était cela qui faisait la vie, elle c’était mise soudain à se recroqueviller sur elle-même comme une fleur flétrie. Quelque chose au fond, c’était brisé. Elle c’était alors laissée sombrer sous leurs yeux et ils n’avaient rien pu faire. Les derniers temps avaient été les plus durs et sans être heureuse que tout cela soit terminé, elle avait senti quand même depuis le décès, un certain soulagement.

Le plus dure allait être aujourd’hui. Elle le savait depuis le début. Elle avait tout fait pour l’en empêcher mais la raison avait pris le dessus.

Ses pas la conduisirent en faisant craquer le parquet jusqu’au premier étage. Tout y était statufié. Cette partie de la maison n’avait pas vu la vie depuis tellement longtemps. On ne la retrouvait plus que nichée dans les regards éternellement étincelants captés sur les photos posées dans les derniers cadres qui n’avaient pas encore été décrochés du mur. La place vide laissée par les meubles, rajoutait une légère pointe de tristesse à l’ensemble. Mais rien ne pouvait évoquer le moindre mouvement depuis des lustres. Même le soleil qui pénétrait dans le couloir par les trois grandes fenêtre, ne le faisait que de façon indirect et froide sur cette façade exposée au nord. Il apportait un éclairage, rien de plus.

Doucement, en prenant bien soin de ne marcher que sur le tapis central pour mieux atténuer son passage, elle prit la direction de la chambre du fond. Elle l’ouvrit. Ses premières amours lui réapparurent. Elle fit de même avec les quatre portes qui la ramenèrent de sa jeunesse jusqu’au haut de l’escalier.

C’est là qu’elle entendit les pneus d’une voiture crisser dans la cour. Son cœur se serra. Dans quelques heures, cette maison ne serait plus la sienne. Les nouveaux acquéreurs, venaient d’arriver.