mercredi 30 avril 2008

Poème

Mensonges

Les dessous du dessus
Sont souvent indécents
Cachés bien que sus
Ils rongent laissant
Le doute enlacer
De sa poigne glacée
Les fondements aliénés
D’une vérité délaissée.

lundi 28 avril 2008

Moment

Rupture

Je me mis à courir. C’était stupide mais à ce moment là c’est la seule chose qui me passa par la tête. Courir. Mes pas étaient lourds et l’air brûlant entrait avec brutalité dans mes poumons surchauffés. Ma tête me faisait mal. Je ne savais pas où aller. Je suivis mes foulées désordonnées, aveuglée par la douleur, suivant mes jambes folles et tremblantes. Très vite je me mis à transpirer, mon jean me colla à la peau. La sensation de porter une armure s’installa. Mais je continuais ma course absurde, droit devant moi. Comment, comment avait elle pu me faire ça à moi ? Me faire ça alors qu’elle avait été la première à qui je m’étais confiée, la première à qui j’avais avoué, la première avec qui j’avais osé, la première avec qui j’avais connu le plaisir après ces longues années d’hésitations ? Comment avais je pu ainsi me tromper ? Ça n’était pas possible. Et pourtant en pénétrant dans l’appartement, c’était bien avec une autre que je l’avais trouvée ; avec une autre femme que moi. Plus âgée, plus mûre. Plus vieille. Nues. Complètement nues.
La sensation d’étouffer me serrait de plus la gorge en revoyant cette seule et unique image. Ma course, de force, se ralentit. J’étais au niveau du jardin public. Un peu chancelante, essoufflée, je parcouru les quelques mètres qui me séparaient des premiers espaces d’ombres et de verdures et me laissais tomber. Vinrent les pleures, secs et âpres. Ce n’étaient pas des flots de tristesses mais des lames d’aigreurs qui transperçaient ma gorge et mon être. Ma respiration rauque ne se faisait plus que par le mince filet que me laissait encore la poigne dure du désarroi sur ma gorge. Jamais je ne me relèverais. Ce n’était pas un atermoiement de midinette découvrant que son prince charmant la trompait avec la bonne. Non. On venait de m’arracher la confiance, la joie, la sincérité. On venait de les broyer toutes ensembles dans un grand éclat de rire et de cynisme et l’on m’avait jeté leurs débris obscènes à la figure. La douleur ; c’était tout ce qu’il me restait, la douleur intense et profonde qui paralysait mes membres et mes pensées, m’emprisonnant à elle comme une sangsue avide.
Elle avait tout pris parce que je n’avais rien voulu retenir. Mais comment aurais je pu ?

mardi 22 avril 2008

Poème

Fatale

Elle chante
Sifflante
La balle
Errante.

lundi 21 avril 2008

Poème

Le héros

Ulysse est las.
Sa légende se tasse
L’édifice s’efface.
Désormais l’homme erre
Tourné vers la mer
Sans jamais trouver
Le repos souhaité.
Il rêve qu’il repart
Portant l’étendard
Qui tombe en lambeau
De ses faits de gloires
Qu’il ne peut plus voir.
Ses souvenirs le mangent
Et des formes étranges
Viennent à se former
Dans ses rêves défaits.
Triste fanal
La mort hale
Dans son filet lent
Ses rêves d’enfant
Son prestige d’antan
Toute sa vie d’avant
Ne laissant devant
Ses pas qui faiblissent
Qu’un grand précipice
Vers lequel il glisse,
Lentement.

dimanche 20 avril 2008

Portrait

Les mains

Elle avait les mains noueuses et creuses. Des mains de travailleuse agricole avec les ongles ébréchés et terreux. Pas sales, terreux. De cette terre lourde et grasse qui accueille la graine et la fait grandir. Alors oui ses ongles étaient noirs mais ils étaient sains et n’avaient rien de repoussant. Ils contrastaient d’ailleurs grandement avec le reste de sa personne plutôt propre et apprêtée. Elle n’était pas vêtue avec une grande excentricité mais avait su éloigner tout classicisme avec de discrètes touches de couleurs. Un collier à grosses perles venu de ce pays qui sent les épices offrait un éclat lumineux à la base de son cou tandis qu’un bracelet d’argent finement ciselé venu lui aussi d’ailleurs, soulignait discrètement son poigner. Le long de ces derniers ses mains parfois courraient, délicates. Elle s’en servait sans ambages avec précisions et vitalité. Elles étaient vivantes ces mains là. Elles étaient généreuses et avait gardé la dextérité et la précision de l’outil qui sert  au contraire de celui qui décore. Elles étaient belles ces mains, belles et calmes.

Elles étaient d’ailleurs bien différentes de celles de son interlocuteur. Lui avait les ongles rongés jusqu’au sang. Rongés jusqu’à les en faire presque disparaître, jusqu’à les réduire à une simple petite excroissance purulente et malsaine. On sentait de la douleur au bout de ces doigts qui ne faisaient que rendre service. D’ailleurs l’utilisation que l’homme faisait de ses mains ne laissait que peu de place à un quelconque espoir de joie. Rapides, nerveuses, elles se courraient l’une après l’autre comme deux animaux sauvages torturés prisonniers au bout d’une laisse. Parfois l’une pianotait sur le clavier de la table une série de notes monocordes pendant que l’autre, s’apprêtait à lui bondir dessus pour mieux tromper son ennui. Suivait généralement ensuite une séance au cours de laquelle, dans un réflexe angoissé, un doigt était porté à la bouche pour être consciencieusement dépouillé de toute éventuelle aspérité, pendant que la main laissée libre servait à remettre en place un inexistant pli sur le pantalon ou le pull. Puis la course reprenait, fatigante. Pas une seule fois le quatuor ne s’effleura.

lundi 14 avril 2008

Poème

Naissance

L'infini
L'autre commence
Intense errance
Entre deux nuits.

jeudi 3 avril 2008