jeudi 28 janvier 2010

Petite phrase

" Quand on n'a plus d'idées on s'accroche à son territoire et c'est comme ça que commencent les guerres."
Anonyme

mardi 26 janvier 2010

Petite phrase

"Tout ce que je sais c'est que je ne sais rien." disait Socrate. C'est ce qui s'appelle être accablé par le pois de la connaissance.

samedi 23 janvier 2010

J'irai mourrir au Kalahari

Sur le tard.

C’était un homme dont la vie était derrière lui et qui se rendait compte maintenant, à cet instant grisonnant, qu’il aurait eu s’il avait voulu, les moyens de faire ce dont il avait toujours rêvé. Il aurait eu. Mais il était trop tard. Il avait hésité trop longtemps, repoussant incessamment au lendemain le moment de commencer. Restant sur le bord, prêt à plonger, mais préférant flâner, travailler, discuter, courir, danser, lire, nager…Et maintenant il était vieux et faible. La vie ne courrait plus dans ses veines que par habitude. Il la sentait fuir par saccades essoufflées, mue par un cœur qui poussait les wagons d’un train dont les rouages se grippaient chaque jour plus fort. Mais ce matin, assis sur sa terrasse à regarder la mer, ce n’était pas ça qu’il trouvait le plus triste. Ce n’était pas sa mort proche ou le ressenti sinueux de vie fuyante qui l’accablait. Ce qui lui coupait la respiration était de réaliser qu’il n’avait même pas essayé.
Ses mains tremblantes s’avancèrent pour se saisir de sa tasse de café. L’air doux du printemps tout juste revêtu des senteurs chaudes de la mer tranquille qui babillait à quelques mètres de là n’arrivaient pas à lui redonner un semblant de joie. Il ne pouvait plus que constater et cet état rigide le figeait. Ça n’était pas la première fois pourtant qu’il se disait qu’il aurait pu au moins tenter, ne serait-ce qu’une fois, de se lancer sur les chemins de cette pratique. D’autant que celle-ci ne demandait ni talent ni préparation particulière. Non. Il lui aurait juste suffit d’un peu de volonté et d’assiduité à l’effort, le tout assis chez lui, sans bruits et sans regards opportuns pour le juger. Il aurait alors pu se lancer, même au hasard, même mal, sans que cela ne gêne personne. Un geste neutre qui se serait perdu dans le quotidien mais qui lui aurait permis d’effleurer la passion. Il aurait pu le faire. Il aurait du le faire. Le faire pour être déçu, seul et pouvoir constater que franchement oui, il n’était pas fait pour ça.
Mais même pas. Il n’avait même entamé cette démarche égoïste là. Il était resté assis aux portes de ses désirs, préférant se dire que plus tard il trouverait le temps, sûrement. Et puis plus tard était venu. Maintenant il savait qu’il était trop tard. Trop tard même pour simplement s’amuser. Bien sûr il ne serait jamais devenu un artiste de renommé international, là n’était ni la question, ni son ambition. Très tôt il avait compris qu’il n’avait pas en lui, cette profondeur, cette intensité que nécessite le sacerdoce artistique. Mais il aurait pu en frôler l’attribut. Cela, lui aurait suffi. Il se serait essayé, il aurait vu ses limites et avec elles, il aurait pu jouer. Même à son âge, accompagné de ses mains flageolantes et de ses yeux flous, il aurait pu continuer à tâtonner pour passer le temps. L’art offre cet avantage que sa pratique n’impose pas spécialement de frontières. Tout n’y est qu’affaire de ressenti, de plaisir et celui-ci se cultive y compris dans la solitude et l’égoïsme.
Et aujourd’hui plutôt que d’être assis là à attendre, s’il c’était donné la peine un peu plus tôt dans sa vie, s’il avait été moins attentiste, il aurait pu continuer de s’offrir un peu de rêve. Sans devenir de l’art, tout ce temps passé se serait mué tranquillement en une habitude aussi obsolète que nécessaire. Une habitude dont il aurait pu aujourd’hui encore nourrir ses journées.
Ses enfants auraient gentiment continué à l’admirer pour lui faire plaisir. Il se serait plu à rêver que peut-être une fois mort, les gens découvriraient son grand œuvre et comprendraient enfin sa démarche. Tout en sachant parfaitement au fond de lui que sa production finirait invariablement dans l’oubli. Mais s’endormir avec des perspectives d’éternité artistiques même vaines, l’aurait sûrement tranquillisé un peu. Certes il n’avait manqué de rien dans sa vie, mais s’imaginer aux portes d’une gloire posthume avait encore quelque chose de rassurant même pour un mourrant. S’il n’avait pas été malheureux, le sentiment que tout n’était pas tout à fait complet et qu’il y était un peu pour quelque chose, le froissait. Et à son âge les froissures prenaient rapidement des allures de cassures irréparables.

vendredi 22 janvier 2010

Petite phrase

Dire que l'e-monde sera peuplé d'e-responsables.

jeudi 21 janvier 2010

Petite phrase

Le plus difficile à accepter avec la tumeur, est la réalité de cette injonction.

Petite phrase

Le plus compliqué pour un homme politique est de ne surtout pas devenir un simple sert vice.

Petite phrase

Il est évident que c'est l'expression Des pulls ras de cou qui signifie quelque chose. Des poules ras de cul, ne veut rien dire.

mercredi 20 janvier 2010

Petite phrase

Entendu sur un quai de gare, entre deux copines :
" - Non mais si tu continues à tout lui passer comme ça, la prochaine étape c'est qu'il va vouloir te baiser.
" - Ben justement..."

mercredi 13 janvier 2010

Petite phrase

Pour fleurir ma pensée sans souci, je l'arrose d'eau violette.

mardi 12 janvier 2010

Petite phrase

Première préoccupation lorsque je suis dans un cimetière : Prendre garde à ce que je ne tombe.

dimanche 10 janvier 2010

J'irai mourir au Kalahari

Froid

Il neigeait. La neige nous tombait dessus comme de gros morceaux de ciel bruts et humides. Il ne s’agissait pas de légers flocons duveteux venant délicatement nous effleurer le visage, donnant aux alentours cette teinte hivernale, glaciale et gaie, que l’on peut imaginer dans les contes de noël. Non. Il s’agissait de gifles lourdes et continues assénées par l’hiver, l’imposition brutale d’une nécessité climatique exempte de toutes justifications, soutenue dans son forfait par la poigne malveillante d’un vent acariâtre. Depuis plus d’une heure, j’avais le sentiment que nous évoluions sous une cascade silencieuse, une cataracte continue et tenace. Mais au lieu que l’eau ne nous inonde et ne finisse par continuer sa route, guidée par le cour de la rivière, la neige elle, s’entassait tout autour de nous, pesante, omniprésente, s’accrochant à nos épaules comme une mauvaise gale, s’imposant sournoisement jusque dans le tréfonds de nos cerveaux dans ce suintement à peine audible et pourtant si caractéristique, ce bruit fait de crissements microscopiques qui dévorait l’ouïe, filtrant les sons alentours comme pour en retenir ce qu’ils auraient pu en rester encore de rassurant. Evoluant dans ce mur mouvant qui nous privait aussi bien de la vue que de l’espoir, je sentais fondre en moi au fur et mesure que la douleur montait dans mes jambes, la force qui m’avait fait tenir jusqu’alors.
La nuit rajoutait à mon angoisse. Autour de nous, tout était calme. Tout était terriblement calme. A quelques pas devant moi, je devinais à peine mon compagnon d’infortune. Ma vie dépendait de lui. Je ne savais plus ni où j’étais, ni où j’allais. Depuis plus de deux jours que nous marchions ensemble, je m’en étais remis complètement à lui, me contentant de suivre le fil d’Ariane éphémère qu’il me traçait comme un automate condamné à répéter bêtement les mêmes gestes sans significations. Un pas puis un autre. Le regard rivé sur le sol meuble pour ne surtout pas contempler l’étendue angoissante qui nous entourait. Un arrêt de temps à autre. Deux ou trois cris rauques échangés. Juste pour vérifier que le si le corps fonctionnait encore, l’esprit lui, était toujours là aussi. C’est qu’il y avait de quoi devenir fou à marcher comme ça dans ce désert clair et infini. Il y avait de quoi devenir fou à ne plus savoir ainsi si chaque pas vous rapprochez d’une issue fatale ou vous éloignait de la mort. Il y avait de quoi devenir fou à se dire qu’on ne vivait plus que pour le pas d’après, puis celui d’après qui entrainait celui d’après sans que l’on sache si le suivant suivrait. Et pourtant, sans vraiment d’explication, il suivait perpétuant la fuite ou l’avancée.
La nuit se renforçait maintenant, resserrant un peu plus l’étau du froid autour de nos flammèches de vie. Les grands arbres aux branches appesanties formaient une haie d’honneur bien droite à notre équipée folle. Ils attendaient là, calmes et statiques, que la neige parte et libère par élans saccadés leurs bras verts. Nous, il nous fallait marcher. Tout droit. Et surtout ne pas s’arrêter. Surtout pas la nuit, de peur que ses pièges ne nous figent à jamais. Cette nuit sournoise qui drainait dans son cortège sombre la main de la glace, illuminée par les yeux vitreux des bêtes avides et insaisissables. Avec la fuite du jour, je sentais l’angoisse me manger le ventre.
Il nous fallait une lumière. Une petite lumière chaude et jaune. De cette couleur qui annonce le calme de la maison et la chaleur du foyer. Parfois entre des branches basses, une étoile de sa lueur froide nous trompait le temps d’une seconde. Le cœur se mettait à battre, le torse se bombait. Et puis l’erreur nous hurlait son infamie à nos visages parcourus de crevasses et sans même que nous échangions le moindre râle, nous reprenions notre avancée métronomique. J’avais froid. Mortellement froid.

jeudi 7 janvier 2010

Petite phrase

L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt mais est vécu par ceux qui se lèvent tard.

samedi 2 janvier 2010

Petite phrase

Dire que certains, s'en remettent à l'horoscope désastre.