jeudi 21 février 2008

Moment

Là-bas.

C’était une histoire avec un rhinocéros…ou non attend…non c’était un éléphant en fait ! Oui c’est ça ; ça y est je me souviens maintenant. Un éléphant en fête qui faisait de la trompette. Oui enfin façon de parler quoi ! On disait qu’il avait une trompette parce que ça trompe était toute petite. C’était étonnant d’ailleurs de voir un si grand animal avec un si petit appendice. Mais l’avantage énorme qu’il avait sur tous les autres éléphants qui étaient là, c’était qu’avec sa petite trompe, il pouvait sortir des sons si sensationnelles que soudain, chaque objet, chaque chaise, chaque soulier, chaque bras ou chaque assiette, se mettait à swinguer de façon endiablé. Tout tremblait sous l’assaut incessant de cette musique si spontané. C’était comme….c’était comme je ne sais pas moi, si en fait la musique n’était pas de la musique mais une sorte de fluide tu vois…un truc qui avait une existence physique. Une rivière invisible ou un courant électrique incontrôlable. C’était fou ! Je m’en rappelle vraiment très trés bien maintenant.
Mais ce qui était encore plus étonnant, c’était ses yeux. De grands yeux sombres qui te fixaient et t’hypnotisaient même. Ils te captaient complètement une fois plongé dedans. Je me souviens que j’ai eu l’impression très nette d’avoir la chair de poule en les regardants. C’était une sorte de… d’océan liquide ou de porte…non pas de porte…d’océan c’est ça…avec toute la profondeur et l’immensité que ça comporte. Un truc qui t’ouvre des entrées sur l’infini en tous les cas. Physiquement là aussi. Comme le coup de la musique. C’était très…réel au final. Et ces yeux donc, on aurait dit deux toiles sur lesquelles tout que tu aurais posé serait devenu une oeuvre. Une œuvre vraiment. Un truc énorme dont tu peux te nourrir pendant des jours juste en le regardant. Quelque chose qui devient non pas un objet mais un univers, une ouverture. Et puis donc à un moment j’ai plongé dans son regard et je me suis mis à voler. Et quand je volais, j’étais tellement bien que je me suis mis à répandre des couleurs dans mon sillage. Je te jure que c’est vrai ! Des couleurs. J’écartais les bras et hop, le trait devenait plus large. Je resserrais les bras et hop, je faisais un trait tout fin. J’étais devenu un pinceau. Et je sentais les couleurs jaillirent de moi. Je les sentais se répandrent au fur et à mesure de mon avancé dans cet espace. Mais je ne dessinais rien. J’étais la couleur. C’est tout. A un moment, il n’y eut plus rien autour de moi. Plus rien d’autre qu’un espace immense et noir et le trait de couleur que je laissais traîner dans mon sillage. Ça a duré et duré encore. Je ne sais pas combien de temps mais en tous les cas, je ne voulais pas m’arrêter ça c’est sûr.

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