lundi 7 janvier 2008

Moment

Un livre
Ses yeux se posèrent sur ce livre, attirés à la foi par le titre et la couleur. Il y avait quelque chose de calme dans cette présentation ; quelque chose qui faisait écho à ce qu’elle recherchait. Pourtant, la poésie n’était vraiment pas sa littérature de prédilection. Hermétique et intellectuelle, c’était l’image qu’elle en avait gardé depuis le lycée. Ses études l’avaient poussées par la suite vers des aspects plus techniques de la vie. Poussées. Oui, c’était bien ainsi que cela c’était passé. Elle n’avait pas suivi, ni encore moins poursuivi. Elle n’avait pas intégré non plus. Non. Elle avait été poussée comme un poids.
Les livres, eux, étaient resté dans le domaine des études et la poésie, dans celui des concepts qui permettaient à certain de briller en société. Le français avait gardé cette consonance grise et terne liée à l’obligation de la bonne note pour obtenir le bac. Il n’avait jamais été qu’une matière ; une parmi la flopé de celles qu’on lui avait demandé d’apprendre à défaut de les maîtriser à un âge où on attend de la vie plus qu’un simple gavage théorique. Alors elle avait fait comme tout le monde, elle avait appris, puis répété du mieux qu’elle avait pu et elle avait eu la note qui correspondait soit disant à son niveau.
Aujourd’hui elle avait quarante ans, elle était installée dans la vie, mais dans la continuité incessante des habitudes de son quotidien, elle sentait qu’il lui manquait quelque chose. Ça n’était pas lié à l’amour ou à des doutes sur son couple. Il n’y avait pas de désir de remise en question ou de d’interrogation sur elle-même. Non. C’était autre chose. Un désir de découverte qui croissait et grandissait. Certains courent le monde pour combler ce vide. Elle n’en avait ni l’envie ni les moyens. Elle voulait juste se pencher sur les autres. Et elle avait pensé que les livres pourraient peut être l’aider. Mais lorsqu’on ne connaît rien à un domaine, s’y plonger fait toujours un peu peur. Elle avait commencé à fréquenter des bibliothèques, errant dans le rayonnage au hasard de promenades pleines d’attentes. Par quoi débuter ? Cet univers semblait tellement gigantesque…et en même temps, c’était ce qui semblait l’attirer le plus. Cet infini des possibilités la rassurait. Non elle n’avait pas fait le tour de la vie. Il restait encore tellement à découvrir. Le tout était de savoir comment entrer dans cet océan sans se noyer. Elle avait commencé par prendre de petites barques futiles et faire du cabotinage le long des côtes de l’écrit. Des livres simples, universels, rassurants. Des livres qu’on lit par beau temps et que tout le monde connaît. Ça permet d’en discuter sans passer pour un fou. Puis l’étendu de ses périples avait grandit avec l’affirmation de ses goûts.
Un mélange d’ouvrages classiques agrémentés de quelques livres techniques liés à son domaine professionnel, lui avaient donné des bases et ouvert des horizons. La littérature s’offrait à elle non plus comme un obscur objet d’apprentissage, mais plus comme une succession d’univers dans lesquels il lui était possible de trouver tout, ou presque.
Mais aujourd’hui, elle se sentait l’envie de partir plus loin, de quitter la rassurante terre de vue pour s’aventurer ailleurs, seule.

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