mercredi 12 mars 2008

Moment

Entre les deux…

Il se réveilla avec le sentiment d’être arraché des parois d’un tunnel moelleux. Comme si on venait de l’extraire d’un tout insécable pas forcément agréable mais profondément intense. Tout avait été si dense, si réel, qu’il resta un long, long moment à flotter entre les deux mondes. Ouvrant un œil lointain pour scruter les alentours encore emplis de nuit, il le referma mollement pour mieux se replonger dans les profondeurs de ses rêves.
Il reprit alors son cheminement prolifique, croisant la route d’un poisson paresseux au regard lourd. Nager. Il avait exactement la même sensation que lorsqu’il allait nager l’été, dans les eaux chaudes de la baie. Il ne pouvait s’extraire du milieu liquide qui l’englobait tout en sachant qu’il n’appartenait pas à ce milieu. Et ce sentiment d’être et de flotter dans cette immensité légère qui n’était pas la sienne était la plus à même de décrire le sentiment dans lequel il évoluait à ce moment précis. La sensation physique du rêve comme de l’eau sur sa peau était indéniable.
L’illusion de diriger son errance décupla en lui l’impression de bien être. Il était le maître de cette histoire chaotique, ouvrant des portes qui menaient à de nouveaux univers avec autant de fluidité qu’un serpent glissant sur le sol sec.
Une nouvelle fois le poisson apparut. Son air débonnaire ne l’avait pas quitté. Peut être était ce du à cette apesanteur ondoyante qui entourait chacun de ses mouvements. Il le frôla du bout de ses doigts, frémissant à l’idée de ce qu’il était entrain de réaliser. Il le suivit nonchalamment puis ne sachant trop comment décida qu’il était temps de promener dans la fameuse galerie du musée. Commencèrent alors à se mélanger des souvenirs flous de toiles qui ornaient une salle immense au centre de laquelle des sculptures cousines de la Vénus de Millo attendaient sagement. Sa déambulation s’intensifia mais en ouvrant la fenêtre qui donnait sur les jardins, il s’éveilla.
D’un oeil morne il aperçut le gris du matin hésitant couler par les fentes des volets entrebâillés. Il tenta une dernière plongée mais déjà, la raison le tirait sans complaisance vers ses obligations.

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