jeudi 11 décembre 2008

Portrait

Prime jeunesse

Sur les décombres d’un ancien royaume en ruine, s’élevait face à moi mais de manière infime, une silhouette féminine. Car si la féminité avait avoir uniquement avec la plastique, alors oui peut être, la forme qui était assise en face de moi aurait pu s’enorgueillir de cette appellation. Mais malheureusement comme pour beaucoup de choses, il ne suffit que de quelques instants pour que l’apparence explose sous les assauts d’une vérité plus profonde. Et pour cette femme qui était assise là, juste en face de moi, la déflagration avait été dévastatrice.

Les lambeaux de ce qu’elle fut pendaient encore ça et là. Mais son visage trop tendu, écorché par une paire de lèvres maquillées à outrance ne faisait que souligner ce qu’elle avait perdu. Ce corps qu’elle croyait impeccable n’était que le reflet du délabrement de sa personne toute entière. Serrée dans ses vêtements moulants, sa maigreur artificielle obtenue par une discipline de fer et sûrement quelques compléments alimentaires, supportait maintenant mal le poids des années de contraintes. Ses seins horriblement rebondis juraient au milieu d’une poitrine qui peinait à les soulever parfois. Sa coiffure qui devait être sophistiqué il y a encore quelques temps, était maintenant extravagante. D’une couleur hésitante, ses cheveux clairsemés hérissés au-dessus d’elle, laissaient entrevoir un crâne de plus en plus apparent. Tout ce qu’elle dégageait été une triste impression de faux et de cliquant.

Les imitations de marques râpées aux entournures qu’elle portait comme un étendard de sa réussite factice, son faux sac dont le brillant s’échappait par paillettes et qui semait autour de lui un désagréable nuage étoilé, ses ongles outrageusement manucurés, tout cet ensemble hurlait le mensonge bon marché.

Et s’il ne c’était pas agi d’un être humain, je veux dire, si cette personne avait été une actrice dans un film, elle eut été éminemment drôle. Mais là, assise en face de moi dans ce bus anonyme qui nous amenait elle et moi vers le centre ville, je la trouvais triste.

La seule chose qu’elle ne laissait pas voir, la seule chose qu’elle s’appliquait à cacher était son regard. Sous d’épaisses lunettes noires, elle avait enseveli ce qui peut-être aurait pu la trahir et montrer à tous que si elle tenait tant à offrir encore et toujours une fausse jeunesse à son corps, c’était parce que son cœur lui, avait depuis longtemps rendu l’âme.

 

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