jeudi 13 novembre 2008

Conte : La baie des cormorans (9)

Tout en parlant, Léonide et sa grand-mère avaient repris petit à petit le chemin de la maison. Elles étaient maintenant à la porte de celle-ci et comme la vieille dame était en train de terminer son récit la petit lui demanda :

« - Dit mamie, pourquoi est ce que tu m’as raconté toute cette histoire ?

« - Comme ça…pour le plaisir. Pour que tu saches que cette baie n’est pas tout à fait comme les autres…que ce n’est pas rien de vivre dans un endroit pareil. » Comme elles enlevaient leurs bottes et qu’elles s’apprêtaient à préparer un grand bol de lait chaud, la grand-mère d’un ton innocent demanda à Léonide :

« - Dit moi ma petite  fille, est ce que tu ne voudrais aller me chercher ma barrette de nacre dans le tiroir de ma coiffeuse. Tu sais le meuble qui est dans la chambre que maman prépare toujours lorsque je viens ?

« - Oui bien sûr. » Et aussitôt Léonide fila dans les escaliers pour chercher la barrette. Elle n’avait pas trop l’occasion d’aller dans cette chambre. D’abord parce qu’il n’y avait rien de spéciale à y faire et puis ensuite parce que même si c’était une chambre pour les amis, c’était sa grand-mère qui y dormait le plus souvent. Alors c’était quand même un petit peu sa chambre. Elle entra, trouva le meuble, ouvrit le tiroir, fouilla d’une main le fond. Ses doigts rencontrèrent quelque chose qui ne ressemblait à rien de ce qu’elle pouvait connaître. Intriguée, elle sortit l’objet de sa trouvaille. Et là, devant elle, apparut un superbe hippocampe blanc, sec, mais parfaitement bien conservé. Elle ouvrit la bouche comme si elle avait voulu crier mais pas un son n’en sorti. Un hippocampe blanc…dans le tiroir de sa grand-mère…se pourrait il que…ne pouvant retenir sa question, elle descendit les escaliers quatre à quatre, tenant devant elle, le précieux animal. Elle pénétra dans la cuisine, les yeux grands comme des soucoupes. La vielle femme était assise tranquillement face à son bol fumant.

« - Mamie, t’as vu ce que j’ai trouvé dans ton tiroir.

« - Ah oui tient ! Un hippocampe blanc…dit elle avec un sourire malicieux. C’est un animal bien étrange n’est ce pas ?

« - Étrange mais…et l’histoire que tu viens de me raconter…est ce que toi et papy vous étiez…

« - …le prince et la princesse de la baie ? » Le silence tomba sur la pièce. « - Non ma chérie. Cet hippocampe n’est pas à moi. Il appartenait à ma grand-mère à moi qui elle-même le tenait de sa grand-mère à elle. Tout comme l’histoire que je t’ai raconté. Mais tu sais ma chérie, le plus important dans une légende, ça n’est pas qu’elle soit vraie ou non, le plus important est qu’elle fasse rêver. Tout le reste, n’a pas vraiment d’importance. »

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