mercredi 18 mars 2009

J'irai mourir au Kalahari.

Lassitude.

On ne baise plus. On fait parfois l’amour mais de plus en plus rarement. Et puis quand on s’y lance, c’est gentiment, presque poliment, en s’excusant. Mais on ne baise plus ça non. Disons qu’on se câline sexuellement. C’est doux mais à force, ça n’est plus très excitant. Peut-être est-ce du à l’âge ? Peut-être est-ce une fatalité liée à l’âge, je ne sais pas. Je n’en parle avec personne d’autres. C’est délicat vous me direz. Et puis les gens qui m’entourent et avec qui je serai susceptible d’avoir ce genre de conversation comparative sont peu nombreux. La plupart de mes amis se sont soit remariés, soit séparés et vivent très bien seuls. Mais plus aucun n’a trente ans de mariage comme moi. Alors forcément, ce serait difficile de confronter de manière objective nos points de vue sur la question. Vous pensez bien. Se remarier c’est un peu comme relancer sa carrière et vivre séparé c’est se laisser une parenthèse ouverte. J’imagine donc qu’arrivé à la cinquantaine, les gens comme moi ne baisent plus, parce que c’est comme ça. Et ça me réconforte un peu de me dire que je ne suis pas seul dans ce cas-là. Même si ça n’est jamais qu’un constat. Le pourquoi de tout ça lui, reste perdu quelque part entre la lâcheté, la paresse et la lassitude. Ou peut-être c’est il tout simplement fait dévorer par d’autres priorités qui doucement, ont pris la place du sexe. Même si ça n’est pas le sexe en lui-même que je regrette tout bien réfléchi. Ce qui me manque surtout, au-delà de l’animalité que l’on pouvait mettre dans nos corps dans ces moments-là, c’est le partage que nous mettions dans nos gestes. Cette envie de sentir l’autre, profondément, jusqu’au bout, jusqu’à la jouissance, parfois jusqu’à l’extase. Si si. L’extase. Je pèse mes mots.

Maintenant lorsque je nous regarde, elle parlant aux enfants au téléphone de temps à autre, leur expliquant que ça va, qu’on espère qu’ils vont bien, qu’ils nous manquent un peu, et moi, assis à regarder la télé en écoutant d’une oreille, j’en arrive à me dire qu’en fait, ce qui nous a tué, c’est qu’on se connaît trop.

Je sais ce qu’elle va dire avant qu’elle ne le dise. Je sais exactement à quelle heure elle arrive du boulot. Je sais exactement les gestes que je vais faire le matin en me levant. Je sais parfaitement que son parfum aura envahi la salle de bain avant de partir comme tous les matins, que la chambre sera parfaitement en ordre avant que je ne revienne de me laver les dents. Je sais très bien que le samedi, c’est le jour du marché et qu’invariablement, elle me demandera si je veux m’arrêter boire un café sur la petite place qui le jouxte. Je sais que le soir elle ira se coucher la première et que je resterai seul dans le salon en prétextant que je n’ai pas sommeil. Je sais que c’est elle met la table et que c’est moi qui débarrasse. Je sais tout ça par cœur.

J’ai l’impression d’être coulé dans un bloc d’habitudes inertes que seul le passage d’un des enfants ébroue parfois. Et encore. Nous préparons tellement leur venu que même ça reste tranquillement renversant.

Alors le sexe. Vous pensez bien. Comment le rendre palpitant si l’on sait à l’avance ce qui va se passer, à quelle heure et dans quel but. Ce qui le rend si excitant selon mes souvenirs, c’est lorsqu’on se surprend à  vouloir soudain posséder l’autre si fort que l’on met tout en œuvre pour arriver à ses fins. Quelle que soit l’heure et le lieu. Au contraire, la contrainte devient un jeu. Mais lorsque tout est lisse, propre, répété et bien préparé, que reste t il au sexe ?

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