jeudi 16 avril 2009

J'irai mourir au Kalahari.

Sociologie aquatique.

J’ai eu l’occasion à maintes reprises l’or de mes avachissements estivaux le long de points d’eau, de constater à quel point sévissait avec systématisme et récurrence, et ce quel que soit le point de la planète, un genre humain bien particulier l’Homo Platus.

Selon toutes mes observations chacune aussi aléatoires que précise, je peux désormais affirmer sans trembler que ce genre là regroupe quelques caractéristiques bien particulières : Il est généralement, masculin et prolifère l’été, le long des cours d’eau, des piscines, des étangs des mers et des océans ou de toute autre destination aquatique. Souvent jeune, il peut se diviser en deux grandes sous-catégories. L’Homo Platus Ridiculus et l’Homo Platus Abrutius.

Le premier, l’Homo Platus Ridiculus, est plutôt du genre timide. Malingre et souvent mal dans sa peau qu’il a d’ailleurs fort blanche, il voit dans le plongeon, pour on ne sait quelle raison, une sorte de quintessence héroïque, le summum de l’homme accompli. Et par un raisonnement dont lui seul a le secret, il imagine sûrement que cette prouesse physique est le moyen infaillible de séduire l’être désirée. Alors sous l’impulsion molle d’une logique qui lui est propre, il passe tout d’abord plusieurs heures à observer la meilleure façon de pénétrer dans l’onde sans éclaboussures mais avec classe et allure. Cette phase parfois longue, il serait bon souvent, qu’il la prolonge indéfiniment. Car le passage à la phase active de son plan est souvent l’accomplissement même du ridicule.  

Prit soudain d’un spasme électrique, il se jette droit devant lui, certain que les courbes de son corps chétif et blafard, suivront le cheminement de ses répétitions mentales. Mais la réalité brutale, reprend le dessus à cet instant fatal. S’écrasant comme une merde sur le dessus de l’eau plate, il subit la cuisante humiliation de constater que le plongeon n’est ni une abstraction ni même affaire de détermination mais qu’il se joue à l’entraînement et tout d’abord calmement afin d’éviter la cinglante gifle de l’eau sur son honneur public et sa peau désormais rougeoyante. Et si le manque d’entraînement est flagrant, la bêtise innocente est souvent la seule excuse valable.  

Mais maîtriser en amont cette circonvolution physique estivale ne suffit pas à éviter le ridicule. Trop en faire peut tout autant entraîner le quidam sur les chemins de l’opprobre public. Or l’Homo Platus Abrutius excelle dans cette catégorie. Ainsi ai-je pu voir à plusieurs reprises et pour mon plus grand plaisir, l’onde tarter en direct, le flagorneur brillant. D’un tout autre acabit que le précèdent, il est en général et tout en muscle et pédant. Sûr de séduire celle qu’il désire, il se jette nonchalamment à l’eau, traversant sans efforts et presque sans bruits la surface, sur laquelle le soleil luit. Mais il n’est souvent pas le seul à maîtriser l’art de la disparition sous-marine et pour se rendre plus voyant, il doit prendre des risques et se faire distrayant. Mais à trop sortir de ce qu’il sait faire sans effort il se hisse vers des sommets que lui même abhorre. Et finalement ce n’est pas parce qu’on rie fort que l’on n’a pas mal. Le bruit de la claque est souvent d’autant plus retentissant que, prenant de l’élan, l’abruti est monté haut dans le ciel, avant de s’écraser de tout son dos, voir de toute sa face, bien à plat comme une limande.

Moralité, l’excès de confiance lié à l’excès de zèle peut parfois s’avérer tout aussi fatal que leur manque.

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