jeudi 2 avril 2009

Le bateau d'Oleg (4)

Avec le printemps, arrivèrent les poutres par la route enfin praticable. Tout le travail accompli au cours de l’hiver prit forme presque d’un seul coup. Ce fut à ce moment là que je réalisais à quel point Oleg avait été fort. En ne laissant jamais la mauvaise humeur et l’abattement nous envahir, nous avions avancé par petits pas, sans nous en rendre compte. Mais maintenant que l’ossature du bateau était positionnée dans le hangar, tout ce que nous avions fait venait s’assembler autour dans un grand élan de joie. Bizarrement, ce ne fut pas à ce moment-là qu’Oleg fut le plus présent. Tout le monde chantait et riait mais lui était enfermé dans son baraquement, sifflotant dans son coin, tranquillement.

Dans le hangar, le bateau grandissait. Son inauguration fut joyeuse. Il s’enfonça d’abord doucement dans les flots avant de se stabiliser à la surface, attendant calmement qu’on le charge, imposant et fier. Si tout le monde hurla de joie lorsqu’on le vit enfin flotter, Oleg lui, resta d’un calme olympien. Il était heureux ça c’est sûr. Son sourire ne le quittait jamais. Mais il n’avait pas besoin d’amener d’énergie. Les choses se faisaient maintenant toute seule.

Le bateau fut chargé et cette opération prit des jours. On sentait qu’à l’approche du départ, l’excitation gagnait à nouveau Oleg. De nouveaux défis allaient s’offrir à nous.

« - Ahaahahahah demain c’est le départ, nous dit-il alors que la nuit était tombée et que nous dînions chez lui. Je suis impatient je ne vous le cache pas. C’est qu’on commençait presque à s’ennuyer ici hein l’architecte ? » Il allait entamer une longue explication lorsque des cris l’interrompirent.

« - Au feu ! Au feu ! » hurlait-on dehors. En sortant, nous découvrîmes les gens courant dans tous les sens, comme pris de folie. Je tournais la tête vers la mer. Et là, je vis de grandes flammes qui s’échappaient du bateau. Il était entrain de brûler. Tout le monde se précipitait vers la grève. Certains pleuraient, d’autres regardaient sans y croire leur rêve et le fruit de tant d’efforts partir en fumée. Je ne peux pas dire combien de temps nous sommes restés comme ça mais j’eu l’impression que cela dura des nuits et des nuits.

Et puis soudain, venant de derrière nous, alors que l’abattement et la tristesse étaient à leur comble, éclata un grand rire. Un grand rire que je connaissais très bien. Dans un même élan, tout le monde se retourna. Oleg était campé en haut de la dune, les deux mains passées dans son grand ceinturon de cuir et il riait, de son rire franc et gigantesque. Sur le coup je crus qu’il était devenu fou. Mais non, rien sur son visage ou dans son regard ne semblait indiquer que la folie l’avait gagné, bien au contraire. D’un pas souple et assuré il descendit jusqu’à nous. Au passage, il releva délicatement un matelot qui c’était laissé tombé par terre abattu par la douleur. Il lui murmura quelque chose qui sembla le regaillardir puis d’une voix forte et pleine de défi nous dit :

« - Bon eh bien ! on dirait bien qu’il va nous falloir racheter du bois. Heureusement que les hangars et tout le reste est déjà construit sinon nous aurions encore perdu un temps fou. » et d’une frappe virile dans mon dos il enchaîna :

« - Tu en est l’architecte hein ? Tu ne vas pas abandonner ? 

Un peu pris au dépourvu je lâchais un timide :

« - Oui oui bien sûr. J’en suis.

« - Parfait alors rentrons ! Demain, nous avons du pain sur la planche. On n’abandonne pas ses rêves sur le bord d’une plage n’est-ce pas ? »

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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