vendredi 31 octobre 2008

Conte : La baie des cormorans (4)

“- Dite moi monsieur, quand on dit que vous êtes un poisson volant, est ce vrai que cela veut dire que vous pouvez quitter le monde de l’eau pour aller dans celui des airs ?

“- Exectement

“- Waouh...dans les airs !!!. Alors vous êtes souvent de l’autre côté ?

“- Souvent souvent....quand je me déplace oui.

“- Et c’est comment de l’autre côté ?

“- De l’autre côté c’est....comment dire, un autre monde. Il y a le soleil qui te brûle la peau si tu restes trop longtemps sous ses rayons, il y a le vent qui te porte et te pousse, il y le bruit des oiseaux et de la mer, le bruit des vagues et des bateaux. Il y a les humains qui crient lorsqu’ils te voient surgirent des flots...il y a tant de chose différentes d’ici. Tout est beaucoup plus bruyant et sauvage. C’est...indescriptible tant qu’on ne l’a pas vécu.

“- Et l’on peut y rester longtemps nous ?

“- Nous ? Le peuple de la mer tu veux dire ? Oh non. Ce monde là on l’effleure. On y passe comme des flèches mais on n’y reste pas. Où alors on y meure.

“- ça n’est jamais arrivé que l’un d’entre nous reste à tout jamais de l’autre côté ?

“- Non je ne crois pas non. En tous les cas, je ne vois pas comment cela serait possible.”

Un peu abattu par cette révélation, le petit prince quitta la table. Sans trop y réfléchir, il se laissa dériver vers les rochers là où chaque jour, il venait jouer avec la jeune fille. Puis il se laissa dériver par les courants de la baie et finit par arriver au pied des remparts. Une équipe de crabes était en train de réparer une brèche. Ils le saluèrent poliment au passage.

C’est alors que surgit de nulle part, un des poisson volant qui avait été invité au banquet mais avec lequel le prince n’avait pas pu parler. Il était plus âgé que les autres et affichait en toute circonstance, un sourire joyeux :

“- Tu me sembles bien triste mon garçon.

“- Triste ? N’y aurait il pas de quoi ? Je suis enfermé dans une baie par un mur infranchissable et la seule personne avec qui j’aurai réellement envi de passer du temps m’est totalement inaccessible. Vous ne trouver pas qu’il y ait là lieu d’être triste ?

“- Non au contraire. Je trouve qu’il y a plutôt là une formidable opportunité de partir à la découverte d’une nouvelle vie.

“- D’une nouvelle vie ?! Mais ma vie n’aura jamais rien de neuf ! Je suis l’héritier d’un roi qui refuse le monde extérieur et qui nous a tous enfermé avec lui. Je ne suis pas malheureux. Mais que voulez vous que je fasse pour échapper à tout ça ? Vous pouvez me le dire ?

“-  Quoi faire ? Mais tout justement. Car il y a beaucoup, beaucoup d’autres possibilités. Tu sais, j’ai voyagé à travers les mers du monde entier et ces années d’errances poussées par les courants et les vents m’ont appris deux choses. La première c’est qu’il ne faut jamais se contenter de ce que l’on connaît. Ça n’est pas le monde. Ça n’est qu’une petite, microscopique, infime partie de l’immensité qui nous entoure. Et la seconde, c’est que c’est dans cette immensité que réside la solution à tous nos problèmes. Ce n’est pas parce que tu ne trouves pas ici, autour de toi, ce que tu cherches, que cela n’existe pas. Bien au contraire.

“- Une solution à chaque problème ? Même si le mien parait incroyablement difficile voir impossible à résoudre ?

“- Dis moi toujours...” renchérit le vieux poisson volant l’air complice. Le petit prince le regarda longuement. Ce poisson là, n’était du genre à parler pour ne rien dire. On sentait dans son regard toute la quiétude de celui qui était sorti de mille piéges, de milles chausses trappes et qui maintenant, désirait plus que tout au monde faire partager aux autres sa longue expérience.

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