jeudi 19 avril 2007

Rêveries et concentration.

Aujourd'hui j'ai fait une journée entière devant la photocopieuse. L'usine au bureau si on veut. L'avantage de ce boulot, c'est que je peux passer la journée à rêvasser. Pas besoin d'une grande concentration pour répéter deux cent fois le même geste dans le même ordre. Du coup je passe pas mal de temps la tête ailleurs. Parfois je m'invente des histoires, des vies pas nécessairement extraordinaires, mais différentes, je me repasse des morceaux de film que j'ai bien aimé, je les modifie... je siffle, je pense.... Enfin bref, je m'occupe à l'intérieur de moi puisqu'à l'extérieur c'est quand même il faut bien le dire, d'une triste banalité.
Aujourd'hui je ne sais pas pourquoi, j'ai passé tout un moment à me rappeler d'une prof de français que j'avais eu en quatrième. Elle était grande, très sèche et extrêmement antipathique avec tous les mauvais élevés. Évidemment avec l'orthographe et la grammaire, la rêverie ne faisait pas bon ménage. Mais moi j'étais déjà gangrené par cette lubie et plutôt que d'écouter la voix suraiguë de madame Lescure nous inculquant son très sérieux savoir, je m'évaporais dehors. Impossible de rester plus de deux minutes à écouter cette harpie déverser son fiel sur nous.
Mais ce dont je me rappelle particulièrement, se sont les moments où elle nous rendait nos dictées. Les miennes étaient bien sûr truffées de fautes, mais plutôt que de me la rendre en m'ignorant, elle prenait ma feuille et se mettait à énumérer face à la classe, les plus grosses fautes en insistant dessus :
"- Peuteàpeute...hein...qu'est ce que ça veut dire ça peuteàpeute. Il y a des T à "peu" lorsqu'on écrit peu à peu ? Hein ? Non. Alors pourquoi tu en as mis ? Alors moi vraiment, je ne sais plus quoi faire. C'est à se demander si tu assistes aux cours..."
Ben en fait je peux le dire maintenant, non. Non je n'étais pas à en cours. J'étais ailleurs, j'étais dehors. Je n'étais pas fait pour être en cours. De toute façon, je n'ai jamais été fait pour ce qui était ennuyeux. Alors je me suis créé d'autres espaces, d'autres lieux que ceux où on m'obligent me rendre en règle général. Heureusement d'ailleurs parce que sans ça aujourd'hui, mes journées ne seraient qu'une longue litanie de photocopiage sous un néon glauque au fond d'un couloir absurde.

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